2017 : une nouvelle chance pour l’Europe
Appel du 9 mai 2016 et livre Europe, la dernière chance de Guillaume Klossa et Jean-François Jamet
L’appel du 9 mai dernier initié par Guillaume Klossa, fondateur de l’action tank EuropaNova, a fait fortement écho à son précédent ouvrage de 2011 coécrit avec l’économiste Jean-François Jamet : Europe, la dernière chance. Chaque texte a été publié à la veille de l’élection présidentielle française, et tend à nous mobiliser autour d’un nouveau rôle de l’Europe.
Le monde change. Le livre s’anime comme un objectif qui tantôt élargit le champ pour nous raconter en détails et analyser les grandes évolutions mondiales, tantôt « zoome » sur les défis actuels de l’Europe au sein de ces dynamiques.Quelles sont-elles ? Les acteurs évoluent. Les États-Unis d’Amérique s’éloignent de l’Europe et renforcent leurs relations avec la Chine. Les pays émergents, dont la Chine, le Brésil et l’Inde, développent leurs richesses et leurs pouvoirs décisionnels, dessinant de nouveaux équilibres avec les anciennes puissances, dont les États européens. La population mondiale gagne des rides et croît, accélérant la course aux ressources naturelles. Les progrès technologiques et de la connaissance, facteurs de croissance, deviennent également de nouveaux terrains de concurrence entre nations. Ces dynamiques géopolitiques, économiques, sociales et démographiques ne seraient-elles pas sous-entendues dans l’appel par le risque de « marginalisation » de l’Europe ?
L’enjeu pour l’Europe dans le livre est plus ambitieux que sa participation au concert des puissances : oser devenir le laboratoire de la gouvernance mondiale du XXIème siècle au service des intérêts de l’Homme. Et pour l’atteindre 3 défis sont lancés. Les citoyens sont leur 1er défi. Dans le livre, il s’agit de leur reconnaissance des succès européens, dans l’appel de leur association au projet politique. Sont communément visés l’adhésion et le soutien populaire aux développements de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme, économiques, sociaux et institutionnels de l’Europe. Le 2nd défi est le projet politique, économique et social de l’Europe. Il est décrit en termes d’efficacité face aux crises dans le livre et associé dans l’appel à un projet d’avenir, une dynamique et un progrès. Le 3ème et dernier défi est la connaissance et la défense des valeurs européennes. Tandis que le livre en attribue la responsabilité aux élites, l’appel l’ouvre à tous. Partant d’une approche internationale réaliste, les auteurs de ces deux textes viennent de nous conduire sur le terrain du projet politique.
L’Europe peut changer. Un plan d’action à court et moyen terme est proposé dans chaque texte et comprend des réformes politiques et institutionnelles. Portons notre attention sur ces dernières. Avec pragmatisme elles proposent de modifier la construction institutionnelle existante. Elles ont pour objectifs la réactivité des institutions en cas de crises et la légitimité démocratique[1] du pouvoir politique. Dans l’ouvrage, elles visent également l’incarnation politique et la visibilité des dirigeants politiques. Concrètement, l’appel explicite trois principaux chantiers institutionnels : la sélection du Président de la Commission européenne (CE) en fonction des élections parlementaires européennes, la fin des modifications des traités au profit de l’intérêt particulier d’un État lors d’un référendum national, le développement d’une capacité budgétaire européenne en propre. Ces réformes précéderaient un débat collectif autour d’un nouveau traité. L’ouvrage alimente ce débat en proposant une modification progressive et plus développée de l’architecture institutionnelle européenne. Première étape. Les présidents de la CE et du Conseil européen seraient élus par le Parlement européen (PE). Les commissaires des politiques-clés assureraient la fonction de vice-président de la CE. En particulier, le commissaire en charge des affaires économiques et financières présiderait le conseil des ministres de l’économie et des finances et représenterait l’UE à l’étranger sur son domaine d’action. Les parlements européens et nationaux participeraient au semestre européen de coordination des politiques économiques et budgétaires (http://www.consilium.europa.eu/fr/policies/european-semester/). L’UE développerait une capacité d’emprunt. Seconde étape. Les postes du président de la CE et de celui du Conseil européen fusionneraient. Notre nouveau président européen, à la tête de la CE et du Conseil européen, serait élu par les parlements européens et nationaux. Troisième étape. Le président européen serait élu directement par les citoyens. Dès les prochaines élections européennes de 2019 ?
Schéma des principales réformes institutionnelles
L’élection de 2017 est notre nouvelle chance. Les deux textes parviennent aux Français près d’un an avant l’élection de leur président. En 2011 le Pacte européen pour le prochain président de la République, annexé au livre, avait été soumis aux candidats de 2012. Il rappelait la responsabilité du chef d’État français dans la politique européenne et le rôle moteur de la France dans la construction européenne. Il encourageait l’empathie envers les Européens et la recherche de solutions collectives. Il évoquait la quête humaniste et du progrès[2] qui a marqué l’histoire de France. En 2016, l’appel a été largement diffusé via la presse française: un pas de plus vers la réflexion collective reconnaissant aux citoyens le pouvoir de faire avancer la machine institutionnelle. De plus, ce second texte se destine à tous partenaires européens sans distinction : de sa conception, à sa diffusion en huit langues et jusqu’à la diversité de ses signataires. Comme pour montrer aux Français, qu’ils ne sont pas seuls, même après le Brexit, que leurs voisins européens les attendent en 2017 pour repenser l’Europe, et qu’ils sont prêts à s’engager en amont de la campagne présidentielle.